Voynarovsky de Kondraty Fyodorovich Ryleyev

Voynarovsky de Kondraty Fyodorovich Ryleyev (édition bilingue)

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°800 Décembre 2024Par : Richard Wojnarowski (X65)Rédacteur : Pierre Séguin (X73)Editeur : Chez BoD, août 2024

Ouvrage ori­gi­nal dans la pro­duc­tion poly­tech­ni­cienne. L’auteur a fait une car­rière à Char­bon­nages de France, culmi­nant à la direc­tion géné­rale de CdF Ingé­nie­rie. D’une famille polo­naise d’origine, il a appris le russe à l’X. Il a publié toute une série de tra­duc­tions d’auteurs polo­nais peu ou pas connus en France, mais aus­si une tra­duc­tion de L’Énéide et des com­men­taires sur le De rerum natu­ra ; et encore un essai Du néant à la phy­sique en 2014 (recen­sion dans La Jaune et la Rouge n° 720).

Voi­là qu’il publie en ver­sion bilingue, avec sa tra­duc­tion et ses notes, un poème incon­nu en France de l’un des chefs déca­bristes, Ryleyev, condam­né à mort par le régime obtus de Nico­las Ier. On dit qu’il fut pen­du à deux reprises, la corde ayant cas­sé, et aurait eu ce bon mot : « Mal­heu­reux pays, où l’on ne sait même pas com­ment vous pendre. » Mais il avait aupa­ra­vant eu le temps de taqui­ner la muse.

La tra­duc­tion de la poé­sie est un casse-tête redou­table et je me gar­de­rais bien d’émettre un avis sur l’exercice pré­sen­té par notre cama­rade. Le lec­teur qui connaît un peu le russe aura au moins l’occasion de réflé­chir sur ses règles de ver­si­fi­ca­tion, proches et loin­taines des nôtres.

Le texte a été publié en 1825, il témoigne des goûts de l’époque et de ses lieux com­muns. L’intérêt, pour les non-rus­so­phones, est dans le sujet. Il porte sur ledit Voy­na­rovs­ky, homo­nyme de l’auteur de la tra­duc­tion en ver­sion cyril­lique, com­pa­gnon de lutte du fameux Mazep­pa au début du XVIIIe siècle, lequel Mazep­pa est connu chez nous par Hugo et Liszt pour une anec­dote che­va­line, mais là il s’agit du Mazep­pa de l’opéra fran­çais de Tchaï­kovs­ki, het­man de la Petite Rus­sie, manœu­vrier fina­le­ment mal­heu­reux dans sa ten­ta­tive de se créer un royaume ukrai­nien, pour les uns traître à la Rus­sie éter­nelle et pour les autres héros natio­nal. Le texte se pré­oc­cupe fort peu de la réa­li­té his­to­rique, au demeu­rant. On sent chez Ryleyev une sym­pa­thie pour l’Ukraine, peut-être parce qu’il y avait séjour­né et qu’il y avait de la belle-famille.

Déci­dé­ment, ce déca­briste est plus sym­pa que Dos­toïevs­ki, il a plus d’humour, il n’a pas eu le temps de tour­ner sa veste, il mérite une lec­ture de curiosité.

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