W. A. MOZART : La flûte enchantée
Cette production de La Flûte enchantée de Mozart a fait le tour du monde. La mise en scène de Robert Carsen arrive à conjuguer l’histoire initiatique originale, la simplicité des personnages et la complexité profonde des situations avec une grande modernité.
Nous avons eu la chance de voir cette production à l’Opéra Bastille en 2014 (au premier rang, mais un jour de grève des machinistes) puis à nouveau cette année. Chaque fois le même enchantement. La pelouse bucolique entoure la fosse, les chanteurs descendent dans la salle, ou bien s’interposent entre l’orchestre et les spectateurs.
L’affrontement entre le bien et le mal est illustré par les couleurs simplistes des costumes, mais Carsen ajoute de nombreuses ambiguïtés, comme cette liaison amoureuse ou même peut-être maritale entre la Reine de la Nuit et Sarastro.
Belle production, qui respecte l’œuvre et les chanteurs, tout en étant originale. Carsen avait déjà monté il y a vingt ans une Flûte enchantée au Festival d’Aix. Le seul point commun en est le côté omniprésent de la mort.
Le DVD a été filmé en 2013 à Baden-Baden où la production avait été créée, Festival de Pâques de Baden- Baden, où c’est désormais le fameux Orchestre philharmonique de Berlin qui joue dans la fosse, ce soir-là dirigé par son chef Sir Simon Rattle.
Un orchestre riche, profond, usant de tempos larges. Le dernier opéra de Mozart, créé dans un petit théâtre populaire à Vienne deux mois avant sa mort fin 1791, est en fait un Singspiel, succession de récitatifs en allemand et d’airs, souvent très célèbres, à juste titre.
La musique formidable a en plus la capacité de permettre à l’opéra d’être toujours moderne malgré les côtés imprésentables aujourd’hui du livret (positions vis-à-vis des femmes, du peuple, des Noirs…).
Mozart, à 17 ans, avait déjà composé la musique de scène de Thamos, roi d’Égypte, dont l’histoire et les personnages ont beaucoup en commun. Sans atteindre, de loin, le niveau de la musique de La Flûte enchantée, la musique de Thamos est malgré tout à connaître.
Notons pour cette production de luxe quelques rôles secondaires magnifiquement distribués. José Van Dam, formidable baryton des dernières décennies du XXe siècle, interprète ici l’Orateur. Petit rôle, énorme présence.
Les trois dames, ensemble déterminant du premier acte, sont interprétées par un trio de premier plan, trois chanteuses célèbres : la soprano Magdalena Kožená (Mme Rattle à la ville), la mezzo Nathalie Stutzmann et la soprano colorature Annick Massis (qui a fait une formidable carrière depuis ses débuts que nous avons suivis au Théâtre impérial de Compiègne en Mignon puis Ophélie il y a un quart de siècle). Elles sont formidables, des moments que je projette souvent à mes amis.
Ce DVD (et le Blu-ray, très conseillé) est édité et distribué directement par l’Orchestre philharmonique de Berlin, dont les publications sont toutes de très grande qualité.
Disponible sur le site des Philharmoniker, en commande , ou en streaming HD.
Une courte présentation de 30 secondes
NDLR : il existe un avis fondamentalement différent :