Application WAZE sur smartphone

WAZE : l’application des automobilistes intelligents

Dossier : Dossier FFEMagazine N°722 Février 2017
Par Thomas GUIGNARD

Qu’est-ce qui vous intéressait dans ce nouveau challenge ?

Après quelques années de conseil en stra­té­gie, j’ai rejoint Google où j’avais pour voca­tion et rôle d’aider à la trans­for­ma­tion digi­tale des grands groupes indus­triels français. 

Il y a deux ans, on m’a pro­po­sé de rejoindre Waze, filiale nou­vel­le­ment acquise par Google, pour prendre sa direc­tion sur le ter­ri­toire Fran­çais. Au-delà de la confiance que me fai­sait Google de me don­ner cette res­pon­sa­bi­li­té, c’était sur­tout pour moi l’occasion rêvée de faire l’expérience de l’entrepreneuriat au sein d’un grand groupe (le terme d’usage aujourd’hui est « intra-preneuriat »). 

Quelle était votre feuille de route ?

Il fal­lait tout construire, tout mettre en place en France. Mais en étant ados­sé à un groupe comme Google, Waze France par­tait avec d’importants moyens. Elle dis­po­sait d’une vision claire et la chance de pro­po­ser une appli­ca­tion connais­sant déjà une cer­taine popularité. 

Cette start-up était localisée aux États-Unis et en Israël.
En quoi son essor en France était essentiel ?

Le déve­lop­pe­ment inter­na­tio­nal est une prio­ri­té stra­té­gique de Waze. L’idée est venue de com­men­cer par la France, non sans rai­son : dans notre pays, les atouts sont nom­breux ; le déve­lop­pe­ment du mobile est par­ti­cu­liè­re­ment avan­cé, nous avons des res­sources de grande qua­li­té, l’environnement éco­no­mique aus­si est excellent. 

Par ailleurs, La France était le pre­mier pays euro­péen en terme de nombre d’utilisateurs pour Waze. Il s’agissait donc là d’un test en gran­deur nature d’une impor­tance stra­té­gique, et le suc­cès de notre ins­tal­la­tion ici à don­ner le « La » à toute la suite du déve­lop­pe­ment inter­na­tio­nal de Waze. 

Comment s’est passée votre installation ?

Notre suc­cès en France a démon­tré la valeur de dis­po­ser d’une équipe loca­le­ment. Je tiens à le dire dans la mesure où il n’est pas for­cé­ment cou­rant qu’une expé­rience fran­çaise donne lieu à un déploie­ment mon­dial ! Grâce à cette réus­site fran­çaise, Waze a pris la déci­sion de dupli­quer son modèle dans la plu­part des pays d’Amérique latine, en Europe et en Asie, notam­ment en Malai­sie, aux Phi­lip­pines et en Indonésie. 

J’ai aujourd’hui pour rôle de mettre en œuvre ce déploie­ment en Europe et en Asie. 

Quel est l’usage de votre application ?

Waze est une appli­ca­tion exclu­si­ve­ment gra­tuite sur télé­phone mobile. Elle est un GPS com­mu­nau­taire dont le béné­fice est d’une sim­pli­ci­té biblique. 

Sa mis­sion est de dimi­nuer le temps de tra­jet pour tous à tout moment. Der­rière cette ambi­tion, notre chal­lenge tech­no­lo­gique est de déve­lop­per une car­to­gra­phie com­plète et vivante (c’est-à-dire en per­ma­nence exacte et actua­li­sée de tous les évé­ne­ments) de toutes les routes du monde grâce à notre com­mu­nau­té d’utilisateurs.

Il s’agit aus­si de construire l’algorithme de navi­ga­tion le puis­sant et le plus effi­cace, et la com­mu­nau­té d’utilisateurs la plus impor­tante et la plus active sur ce segment. 

“LE PROBLÈME POSÉ PAR NOTRE UTILISATION (MASSIVE, INEFFICACE ET PARFOIS NOCIVE) DE LA VOITURE EST LOIN D’ÊTRE TRIVIAL : SA RÉSOLUTION NÉCESSITE ÉNORMÉMENT DE TECHNOLOGIE, D’INTELLIGENCE ET DE BONNE VOLONTÉ“, INDIQUE THOMAS GUIGNARD. 

Comment mettez-vous à jour votre carte ?

Grâce à notre algo­rithme, notre tech­no­lo­gie a la capa­ci­té de détec­ter en temps réel dans le monde des mil­lions d’informations de nos uti­li­sa­teurs, de les trai­ter et de les rendre de façon lisible sur une carte. 

Elle est ali­men­tée en per­ma­nence par notre com­mu­nau­té d’automobilistes qui, par hob­by ou par uti­li­té, des­sinent les routes de leur ville, de leur région et de leur pays ! 

Par-delà les cartes, quelles informations donnent vos utilisateurs ?

Nos « repor­ters » indiquent ce qui se passe sur la route ; ici, un nid-de-poule, là, un acci­dent ou encore des forces de police. Nous sommes la seule carte vivante pre­nant en compte les condi­tions de tra­fic devant chaque auto­mo­bi­liste pour lui indi­quer la route la plus rapide. 

En quelque sorte, c’est le don d’ubiquité que nous offrons à nos utilisateurs. 

Votre application est-elle facile d’utilisation ?

C’est comme n’importe quelle appli­ca­tion… il faut prendre de nou­velles habi­tudes ! Mais dès les pre­mières uti­li­sa­tions, on ne peut plus s’en pas­ser. C’est un assis­tant de conduite ultra intel­li­gent et simple d’utilisation comme un GPS classique. 

Uti­li­sez Waze trois fois et vous n’utiliserez plus un autre GPS ! 

Dans le détail, quels renseignements peut donner votre application ?

Elle pro­pose aux auto­mo­bi­listes plu­sieurs che­mins à suivre en leur lais­sant le choix et en leur don­nant le temps de leur tra­jet. Elle donne aus­si toutes les infor­ma­tions de la route : les bou­chons, les ralen­tis­se­ments, les dan­gers, la météo, la pré­sence des forces de l’ordre, les zones de contrôle… 

Proposez-vous d’autres fonctionnalités ?

Waze per­met d’indiquer à vos amis ou à vos rela­tions pro­fes­sion­nelles qui vous attendent le temps de votre tra­jet. Elle vous évite ain­si d’envoyer des tex­tos tout en condui­sant ! Elle peut éga­le­ment pré­voir le temps de votre pro­chain futur trajet. 

Passez-vous aujourd’hui des partenariats avec les pouvoirs locaux ?

Pour les com­munes ou les orga­nismes publics qui cherchent à amé­lio­rer les condi­tions de tra­fic de leurs usa­gers ou à connaître l’état des acci­dents sur leurs ter­ri­toires, Waze est une source d’informations sans équivalent. 

Par exemple, nous venons de signer un par­te­na­riat avec la SANEF (socié­té d’autoroutes en France en Nor­man­die et dans le Nord et l’Est de la France) pour signa­ler les acci­dents sur leurs auto­routes et leur per­mettre d’envoyer des secours au plus vite. 

Quelles sont les relations engagées avec les médias ?

Waze a pas­sé un contrat avec Auto­route FM pour qu’elle com­mu­nique au plus grand nombre les meilleurs che­mins, les inci­dents, les cartes et les infos trafics. 

En com­plé­ment, elle noue aujourd’hui des par­te­na­riats avec les construc­teurs auto­mo­biles pour pré­pa­rer la voi­ture connec­tée de demain. 

C’est-à-dire…

La connexion est aujourd’hui l’un des cri­tères d’achat d’un auto­mo­bi­liste. Waze cherche à signer des accords avec les construc­teurs pour mettre à dis­po­si­tion des conduc­teurs notre appli­ca­tion sur les tableaux de bord via une connexion directe ou encore via un Smartphone. 

Les automobilistes donnent-ils facilement des informations ?

Chaque jour, des mil­lions d’utilisateurs sont actifs sur notre appli­ca­tion dont 10 à 15 % des auto­mo­bi­listes délivrent des infor­ma­tions selon ce sacro-saint prin­cipe : si je veux que ma route soit ren­due plus facile, il faut que je fasse l’effort de rendre plus facile la route aux autres ! 

Est-ce que vous prévoyez de donner d’autres informations sur votre application ?

Des inno­va­tions sont tou­jours pos­sibles pour don­ner encore plus d’informations plus efficaces. 

Grâce au « Spee­do­me­ter », Waze est capable d’indiquer la vitesse à laquelle le conduc­teur cir­cule et de lui dire ain­si s’il res­pecte les limitations. 

Investissez-vous du temps et des moyens sur le covoiturage ?

La ques­tion des tra­fics encom­brés n’est pas anec­do­tique ; elle est un pro­blème majeur. Dans le monde, c’est même catastrophique. 

Les auto­mo­bi­listes passent par­fois (sou­vent) plu­sieurs heures pour se rendre au tra­vail ou ren­trer chez eux. C’est une perte de temps totale. Sans par­ler du dan­ger que cela repré­sente ou de l’impact éco­lo­gique désastreux. 

Il faut donc essayer de remplir les voitures…

Les auto­mo­bi­listes doivent pou­voir embar­quer les pié­tons qui sou­haitent aller au même endroit qu’eux. À l’inverse, les pié­tons doivent dis­po­ser d’une appli­ca­tion capable d’indiquer où ils veulent aller où ils peuvent être pris en charge par les conducteurs. 

La tech­no­lo­gie nous per­met aujourd’hui de réin­ven­ter nos usages et nous sou­hai­tons appor­ter notre pierre à l’édifice. Aus­si nous réa­li­sons actuel­le­ment des tests en Israël et dans la Sili­con Val­ley pour déve­lop­per ce ser­vice sur notre application. 

En ferez-vous une activité professionnelle comme Uber ?

Non pas du tout, nous ne sommes pas Uber et nous ne le serons sans doute jamais. Nous vou­lons faci­li­ter sim­ple­ment le covoi­tu­rage sur les tra­jets « mai­son tra­vail ». Si nous sommes trois dans la voi­ture, l’impact sur le tra­fic sera gigan­tesque et l’environnement respecté. 

Quelles sont vos sources de revenus ?

C’est un modèle publi­ci­taire. En com­plé­ment de l’affichage et de la radio, Waze per­met aux annon­ceurs de choi­sir leur cible et de viser au plus juste. Elle ne veut pas de publi­ci­té intru­sive sur son application. 

Il est essen­tiel de déli­vrer une pub intel­li­gente et effi­cace en fonc­tion des besoins des auto­mo­bi­listes et de l’endroit où ils se trouvent. 

Le modèle là aus­si est de bon sens, et nos annon­ceurs nous offrent leur confiance, comme autre­fois à l’affichage ou à la radio.

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