Le Président de la République du Sénégal, Macky Sall, à l’École polytechnique le 2 décembre 2015

X‑Afrique et le développement numérique

Dossier : L'AfriqueMagazine N°716 Juin/Juillet 2016
Par Livia SOSSOU (13)

Le Binet X‑Afrique, ani­mé par les élèves de l’É­cole, s’ac­tive pour faire connaître l’A­frique et sus­ci­ter un inté­rêt pour les enjeux éco­no­miques afri­cains d’aujourd’hui. Deux axes prin­ci­paux sont tra­vaillés : le numé­rique (qui per­met de sau­ter des étapes dans le déve­lop­pe­ment) et l’éner­gie (le pho­to­vol­taïque devient ren­table dans les zones rurales). 

Pour faire connaître notre asso­cia­tion, nous avons orga­ni­sé le 26 février 2016 sur le cam­pus de l’École un forum sur l’entrepreneuriat en Afrique. Ce forum a réuni des entre­pre­neurs, capi­tal-inves­tis­seurs, cher­cheurs, mul­ti­na­tio­nales opé­rant en Afrique, etc., autour de deux thé­ma­tiques : le numé­rique et l’énergie.

Nous avions reçu le sou­tien du groupe Total via la chaire d’enseignement et de recherche « Concepts avan­cés photovoltaïque ». 

REPÈRES

L’Afrique est l’une des régions du monde dont la croissance est la plus rapide, mais elle pâtit aujourd’hui fortement de la conjoncture mondiale et de difficultés d’ordre interne. Sa croissance s’est tassée à 3,4 % en 2015, contre 4,6 % en 2014, ce qui correspond à son taux le plus faible depuis 2009. De plus, l’expansion démographique freine la progression du PIB par habitant. Si l’on observe des écarts d’un pays à l’autre (tout particulièrement entre les États riches en ressources naturelles et les autres), la croissance de l’Afrique est, dans l’ensemble, encore inférieure à son niveau d’avant la crise. Ce ralentissement rend d’autant plus difficile la lutte contre la pauvreté.
Source : Banque mondiale

ÉNERGIE DURABLE ET ESPRIT D’ENTREPRISE

La pre­mière table ronde sur « L’énergie durable et l’esprit d’entreprise, vec­teurs clés pour l’avenir de l’Afrique » a réuni des par­ti­ci­pants comme Arnaud Cha­pe­ron, direc­teur géné­ral de Total Éner­gie Déve­lop­pe­ment, Mous­sa Mara, ex-Pre­mier ministre du Mali, Pere Roca, direc­teur du Labo­ra­toire de phy­sique des inter­faces et des couches minces de l’École poly­tech­nique (LPICM), Mama­dou Mbaye, direc­teur géné­ral de Fonds sou­ve­rain d’investissements stra­té­giques (FONSIS) et Xavier Bar­ba­ro (96), direc­teur géné­ral du pro­duc­teur d’énergie NEOEN. 

PROMOUVOIR LE PHOTOVOLTAÏQUE

La chaire « Concepts avancés photovoltaïque » s’intéresse aux nouveaux concepts photovoltaïques vers les hauts rendements et vise à explorer les approches innovantes dans ce champ. La chaire a pour objectifs :
  • de soutenir la recherche amont dans le domaine de l’ingénierie des photons et les nouveaux concepts avancés à haut rendement ;
  • de préparer les étudiants aux situations d’innovation caractéristiques du domaine, les recherches étant menées en étroite synergie avec l’enseignement de l’École polytechnique ;
  • de diffuser ces théories et expériences dans le monde industriel et plus largement, au travers de publications à destination du grand public à un niveau international ;
  • et enfin de stimuler le processus d’innovation dans ce domaine et encourager l’internationalisation des thèmes de recherche et des activités d’enseignement.

Le débat a mis en lumière l’importance de l’intégration des sys­tèmes éner­gé­tiques durables dans la vie quo­ti­dienne sur le conti­nent africain. 

En par­ti­cu­lier, plu­sieurs inter­ve­nants ont concen­tré leurs argu­ments sur la valeur des indus­tries pho­to­vol­taïques, en rai­son de leur inté­rêt dans les situa­tions d’isolement ou de mobi­li­té qui se ren­contrent fré­quem­ment en Afrique. 

La deuxième table ronde sur le thème de « L’Afrique, le nou­vel Eldo­ra­do du numé­rique » était ani­mée par Sébas­tien Cro­zier, pre­mier vice-pré­sident d’Orange, Claude Gru­nitz­ky, pré­sident de True Afri­ca, Tho­mas Clau­sen, repré­sen­tant de la chaire d’enseignement et de recherche « Inter­net of eve­ry­thing » de l’École poly­tech­nique, William Nkont­chou (91), pré­sident d’Emerging Capi­tal Part­ners et Alain Ducass (73), expert inter­na­tio­nal pour la trans­for­ma­tion numé­rique de l’Afrique et fon­da­teur de EnergeTIC. 

Par­mi les sujets ori­gi­naux abordés : 

  • l’application de l’intelligence arti­fi­cielle dans les solu­tions de recru­te­ment, comme l’applicatif Rimin­der, au pro­fit des ser­vices RH, for­te­ment sol­li­ci­tés dans les pays à forte crois­sance pour accom­pa­gner l’essor des entreprises ;
     
  • l’importance de la créa­tion d’applications de télé­pho­nie mobile, pour les entre­prises afri­caines, en géné­ral mal des­ser­vies par les infra­struc­tures « en dur » (rou­teurs, réseaux, fibre, etc.) comme, par exemple, pour le paie­ment, le ser­vice par carte ban­caire étant trop peu développé ;
     
  • ou encore les solu­tions numé­riques de crowd­fun­ding, comme celle pré­sen­tée par Ami­na Nas­ri (2005), fon­da­trice d’Afrikwity, une plate-forme d’equity crowd­fun­ding qui per­met à des inves­tis­seurs, notam­ment à ceux de la dia­spo­ra afri­caine, d’investir dans le capi­tal des start-ups et des PME africaines. 

METTRE EN VALEUR LES START-UPS

En pré­am­bule de chaque table ronde, nous avons eu des « pitchs » de jeunes pousses. Neuf jeunes entre­pre­neurs ont ain­si pré­sen­té leurs pro­jets d’entreprise diri­gés vers l’Afrique.

Cyril Colin et Karim El Ala­mi, deux diplô­més de l’X et de Ber­ke­ley, ont éga­le­ment expo­sé leur pro­jet. Leur start-up eLum, lau­réate des Rethink Afri­ca Awards, est une solu­tion logi­cielle qui opti­mise l’utilisation de l’énergie solaire à l’aide d’algorithmes pour réduire les fac­tures d’électricité des clients, favo­ri­sant ain­si une tran­si­tion accé­lé­rée vers les éner­gies renouvelables. 

Leur acti­vi­té est actuel­le­ment pro­po­sée au Maroc et s’élargira bien­tôt au Séné­gal. Le forum pro­po­sait éga­le­ment de décou­vrir l’exposition bilingue « Les Grands Moyens », oeuvre du pho­to­graphe et vidéaste Joan Bar­de­let­ti, qui offrait une vision inédite du conti­nent afri­cain à tra­vers cinq PME. 

Propos recueillis par Robert RANQUET (72)


Le Pré­sident de la Répu­blique du Séné­gal, Mac­ky Sall, s’est ren­du à l’École poly­tech­nique le 2 décembre 2015 à l’occasion de son dépla­ce­ment en France dans le cadre de la COP 21. © JÉRÉMY BARANDE / ÉCOLE POLYTECHNIQUE

7 Commentaires

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Jeanrépondre
25 août 2016 à 8 h 01 min

Le durable : une néces­si­té pour l’A­frique !
La venue du pré­sident séné­ga­lais à l’é­cole Poly­tech­nique est une excel­lente chose ! Cela montre que les pays afri­cains anti­cipent déjà le déve­lop­pe­ment durable et pense le déve­lop­pe­ment de leur pays à long terme. C’est non seule­ment une bonne nou­velle pour les pays afri­cains eux-mêmes, mais sur­tout pour l’en­semble de la pla­nète. Si ces pays uti­li­saient les mêmes méthodes que nous pour se déve­lop­per sur le plan ener­gé­tique, on irait droit dans le mur car le modèle que l’on a mis en place sous l’é­gide de l’E­tat Fran­çais et d’un « cham­pion natio­nal » avec EDF n’est pas tenable.
Bref, c’est une superbe ini­tia­tive que de déve­lop­per l’es­prit d’i­ni­tia­tive et le déve­lop­pe­ment durable (même si je suis pas convain­cu que le pho­to­vol­taique soit la solu­tion) dans ces pays. De plus en plus de per­sonnes s’y inté­ressent, per­son­nel­le­ment j’aime suivre les actua­li­tés de ce site sur le sujet http://www.fournisseur-energie.com/ , pour ceux qui vou­draient aller plus loin 🙂 

Didiane Michaudrépondre
21 septembre 2016 à 13 h 14 min
– En réponse à: Jean

Les infra­struc­tures en Afrique

Oui, effec­ti­ve­ment, vous avez rai­son ! La crois­sance est forte en Afrique mais les infra­struc­tures ne suivent pas, et l’élec­tri­ci­té notam­ment. Le sec­teur prin­ci­pal à creu­ser me semble d’ailleurs être celui des éner­gies renou­ve­lables, comme vous le men­tion­nez dans l’ar­ticle. Le par­te­na­riat entre les dif­fé­rents acteurs est éga­le­ment cru­cial, pour pou­voir avan­cer ensemble. Et à ce sujet le site http://www.energy-northamerica.com/ me paraît être plein de res­sources intéressantes !

laval­leerépondre
23 septembre 2016 à 10 h 18 min

Akon

Je trouve cela tres inter­res­sant la crea­tion de star up en afrique et impor­tante pour le deve­lop­pe­ment de ce conti­nent j ai enten­du par­ler d” une jeune artiste d’o­ri­gine sene­ga­laise du nom Akon qui lui aus­si avait œuvré dans les pan­neaux pho­to­vol­taique appa­rament il aurait per­mis l acces­sion a plus de 600 000 afri­cains a l’e­lec­tri­ci­té fau­drait beau­coup d’i­ni­tia­tive de ce genre http://www.kmr-informatique.fr

Zackrépondre
23 septembre 2016 à 13 h 40 min

Article inté­res­sant

Article inté­res­sant concer­nant l’a­ve­nir de l’A­frique. Et j’ad­mire les per­sonnes qui opti­misent l’u­ti­li­sa­tion de l’éner­gie solaire. A titre d’in­for­ma­tion pour les curieux 😉 voi­ci un lien : http://maviedautiste.blogs.charentelibre.fr/

favor.croteaurépondre
29 septembre 2016 à 8 h 50 min

genial

mer­ci pour cet article très riche en expli­ca­tions et décou­vertes de très bonnes ini­tia­tives avec cette star up pour l’u­ti­li­sa­tion de l’éner­gie solaire c’est vrai­ment une excel­lente idée ! je suis moi-même très inté­res­sée à titre par­ti­cu­lier par l’éner­gie solaire et j’ai trou­vé ce site génial http://www.levoiledesillusions-lefilm.com n’hé­si­ter pas à aller le consulter

Alicerépondre
18 janvier 2017 à 11 h 45 min

Superbe article qui met en
Superbe article qui met en valeur l’im­pli­ca­tion de la jeu­nesse dans le déve­lop­pe­ment de l’A­frique, en Outre mer nous nous iden­ti­fions beau­coup à l’A­frique et cela nous donne envie d’aug­men­ter notre inves­tis­se­ment et notre enga­ge­ment dans notre société

http://custom-essay-writing-service.org/blog/category/courserépondre
30 mai 2018 à 6 h 49 min

Opi­nion
It seems to me digi­tal deve­lop­ment is the very thing that Afri­ca needs to get. If there are people who will do it it is cool.

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