Y a‑t-il une vie après le Bachelor de l’X ? Le parcours d’Agathe (B20)
Lors du lancement de la première promotion du Bachelor en octobre 2017, nous avons fait la connaissance d’Agathe de Vulpian (B20). Nous la retrouvons aujourd’hui pour qu’elle nous parle de son parcours académique et professionnel depuis qu’elle a quitté Polytechnique, de son master en machine learning à Cambridge à son expérience comme jeune entrepreneuse.
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Après le Bachelor de Polytechnique, peux-tu nous dire quelle université tu as choisie et pourquoi ?
À l’X j’ai découvert le monde du machine learning, j’ai beaucoup apprécié, ce qui m’a convaincue de continuer dans le domaine. Après Polytechnique j’ai postulé à quatre masters à l’international, deux en Suisse et deux en Angleterre. J’ai été admissible aux quatre masters et mon choix s’est porté sur un master spécialisé en machine learning à l’université de Cambridge. L’ambiance était formidable : nous n’étions pas nombreux, ce qui a facilité une belle cohésion de classe, mes camarades internationaux venaient de formations différentes et spécifiques et les professeurs étaient à la pointe de la recherche. Le seul bémol est que cette année a coïncidé avec la période de la Covid, donc tous les cours sont passés en « distanciel ». Ensuite j’ai hésité à poursuivre sur une thèse : j’avais adoré mon expérience de recherche à Polytechnique, mais je n’avais pas retrouvé la même ambiance à Cambridge, le même suivi des étudiants. J’ai donc décidé de rentrer à Paris. À l’exception de la période passée à l’X, je n’avais jamais résidé durablement en France. Normalement, à la suite d’un master à Cambridge, les jeunes ingénieurs décident de rester en Angleterre pour démarrer leur carrière professionnelle. Pendant mes années à l’X je n’avais pas fait de stage ; de retour à Paris, j’en ai cherché un pour découvrir le monde du travail. Je me suis inscrite à l’université pour avoir une convention de stage et j’ai fait six mois dans une start-up dans l’imagerie par résonance magnétique (IRM), qui utilisait l’intelligence artificielle pour analyser des images de microscope afin de diagnostiquer des cancers.
Qu’as-tu fait après cette première expérience ?
Peu après, j’ai eu l’occasion d’intégrer Entrepreneur First, un programme d’entrepreneuriat qui sélectionne ses candidats sur le potentiel individuel, en se focalisant sur leurs compétences techniques ou de business. Leur idée est de repérer des personnes qui ont le potentiel pour créer une entreprise, mais qui n’ont pas forcément les moyens, l’idée, les mentors ou les partenaires. Après trois mois, s’ils croient dans le projet, ils décident d’investir et ils le financent à hauteur de 90 000 euros. J’ai commencé cette aventure il y a plus d’un an, après deux mois j’ai cofondé MeetEasy, une start-up conçue pour optimiser les réunions professionnelles, les rendre plus productives et favoriser l’engagement des équipes. Mon associée et moi avons finalement décidé d’arrêter en mars car, au moment de commencer une deuxième levée de fonds, nous avons fait face à une compétition grandissante et à une difficulté à se différencier pour avoir assez de traction. J’ai adoré l’expérience comme entrepreneuse et j’ai aussi aimé la découverte de métiers différents.
Maintenant je cherche un emploi dans la data science appliquée. J’ai envie d’un rôle transversal qui me permette de mettre à profit mes compétences en management et en business face à face avec le client. Mon souhait est d’intégrer aujourd’hui une scale-up qui conserve un esprit de start-up, tout en étant une grosse entité.
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Qu’est-ce qui a motivé ton choix de master à Cambridge ?
J’ai choisi l’Angleterre pour garder le côté international que j’ai développé pendant toute ma scolarisation en anglais. De plus Cambridge offre un cadre de vie et universitaire exceptionnel, avec beaucoup d’activités et d’événements qui vont au-delà de la formation et de la recherche de pointe. C’était aussi une petite victoire personnelle, car j’avais déjà postulé à Cambridge après mon bac et j’avais été refusée. Intégrer cette université plus tard pour mon master a été une fierté.
Comment as-tu entendu parler du programme Entrepreneur First ?
C’est Entrepreneur First qui m’a contactée quand j’étais à Cambridge. J’avais refusé parce que je sentais que c’était trop tôt et que je n’avais pas assez d’expérience dans le monde du travail. Ils m’ont recontactée plus tard à la suite de mon stage et j’ai donc accepté. Je me suis dit que c’était une formidable occasion d’en apprendre plus. Je me suis lancée à fond. Entrepreneur First m’a fait découvrir l’entrepreneuriat : leur structure m’a permis d’être suivie et m’a donné un cadre pédagogique qui a été très important pour moi et qui m’a accompagnée étape par étape.
Est-ce que la transition de Polytechnique à Cambridge s’est faite sans difficulté ?
Je n’ai pas senti d’écart de niveau entre Polytechnique et Cambridge. La charge de travail dans les deux formations était conséquente et les cours n’étaient pas faciles, mais la façon de travailler était très différente. À l’X l’enseignement était très théorique et focalisé sur l’apprentissage des mathématiques. À Cambridge c’était plus spécialisé et professionnalisant. Nous n’avions aucun exercice à compléter, peu d’examens, nous rendions des rapports et menions différents projets. Puisque le programme est très orienté vers le monde de la recherche, il fallait porter une attention particulière à la rédaction et à la présentation des résultats de manière claire et concise. Deux compétences qui sont essentielles dans le monde professionnel. Les deux formations étaient donc très complémentaires.
Que gardes-tu de ton passage au Bachelor de l’X ? Qu’y as-tu appris de plus important selon toi ?
J’y ai développé une grande capacité de travail, d’assimilation rapide et de méthode. Je ne m’en rendais pas forcément compte sur le moment, mais je l’ai réalisé quand j’ai commencé le projet de ma propre entreprise. Je ne retiens aujourd’hui que du positif, même si j’ai vécu des moments parfois durs sur le campus. Pendant ma première année l’adaptation a été difficile : une nouvelle réalité, loin de la famille, des cours complexes. Pendant ma deuxième année j’ai eu une mononucléose et j’ai dû rester clouée au lit pendant quatre mois.
“L’X m’a appris les fondamentaux pour analyser et apprendre des concepts nouveaux.”
J’ai réussi à suivre les cours grâce à mes camarades, les professeurs ont été très compréhensifs et j’ai reçu un soutien et une aide précieuse de la part de la promotion. Nous étions quarante à vivre dans le même endroit et à partager les mêmes angoisses : il y avait un grand esprit de cohésion et d’équipe et on s’aidait beaucoup avec la prise et le partage de notes. Ce qui nous a particulièrement liés fut une expérience de cinq jours au Centre national d’entraînement commando (CNEC) à Mont-Louis au cours de la première année. Ces moments remplis d’activités, de jeux, de partage et de sport sont encore un de mes plus beaux souvenirs.
Quel est aujourd’hui ton lien avec Polytechnique ?
En 2017 je faisais partie de la première promotion du Bachelor, aujourd’hui j’en suis une ambassadrice. Cette année je fais partie du jury d’admissibilité pour les nouvelles promotions, donc j’ai participé à l’évaluation des dossiers. Le Bachelor est devenu une formation très demandée avec environ 1 100 à 1 200 candidatures par an pour 160 places. Malgré une certaine réticence initiale des polytechniciens du cycle ingénieur vis-à-vis des Bachelors, le Bachelor de Polytechnique est maintenant reconnu parmi les meilleures formations universitaires postbac et nous ne pouvons que nous en réjouir. À la rentrée prochaine, le Bachelor de l’X ouvre un double-diplôme avec Columbia.
En tant qu’ambassadrice, après avoir promu le Bachelor dans une autre université à l’international, mon rôle est de présenter la valeur du Bachelor de Polytechnique dans le monde professionnel. C’est le moyen de montrer au monde académique que nous avons fait nos preuves et que nous avons réussi.
Gardes-tu des contacts avec tes camarades Bachelors ?
Bien sûr ! Nous avons eu notre premier dîner de promo en décembre, organisé par des B21. Il y avait beaucoup plus de monde qu’on ne pensait, dans une belle cohésion, l’événement a été un grand succès. J’ai gardé le contact avec une vingtaine de personnes, de ma promo et des suivantes, qui sont, encore aujourd’hui, ma « bande de potes » principale avec laquelle je sors tout le temps. Nous étions une promotion toute petite, à peine soixante-dix, et c’est incroyable de voir que tout le monde a trouvé sa voie. Tous ceux qui sont partis à l’ENS sont complétement épanouis dans cet environnement, et il y a une bonne ambiance et un bon groupe à l’ETH en Suisse. C’est toujours une joie de se retrouver.