Yotta Capital Partners : Financer dès aujourd’hui la reconquête industrielle bas carbone de la France
Au travers de son activité de financement des PME industrielles français, Yotta Capital Partners contribue à l’adaptation de notre économie au nouveau paradigme climatique et environnementale. Au-delà de cette démarche, le fonds d’investissement participe aussi la réindustrialisation des territoires. Christophe Gegout (X96), managing partners de Yotta Capital Partners, nous en dit plus sur le financement de cette reconquête industrielle bas carbone qui est au cœur de l’ADN de cette société de gestion indépendante.
Yotta Capital Partners finance les entrepreneurs de la reconquête industrielle bas carbone. Pourquoi ce choix de positionnement ?
La réindustrialisation de notre pays est aujourd’hui une évidence pour tous et pour de nombreuses raisons :
la question climatique : en produisant plus loin, les entreprises ont généralement recours à des énergies plus carbonées qu’en France ou en Europe. En plus, le transport et la logistique impactent également à la hausse l’empreinte carbone ;
la géopolitique : les récents événements ont rappelé à tous le risque géopolitique qui pèse sur une production délocalisée à l’autre bout du monde ;
le risque sanitaire : une production locale permet de produire de manière plus sûre ;
le maintien des emplois industriels et des savoir-faire en France et en Europe.
Yotta Capital Partners a vu le jour en 2018, bien avant la crise de la Covid, la guerre en Ukraine et l’accélération de la lutte contre le réchauffement climatique. Dès le départ, nous avons fait le choix fort de nous concentrer sur la France, afin de contribuer, à notre niveau, à la réindustrialisation de notre pays.
Nous accompagnons et soutenons les entrepreneurs et les PME qui s’engagent dans cette reconquête industrielle bas carbone en mettant à leur disposition un soutien financier ainsi que du conseil et un accompagnement à forte valeur ajoutée qui leur permettent, par ailleurs, d’être plus ambitieux dans leurs projets industriels.
Sur le marché de l’investissement, comment vous décririez-vous ?
Yotta Capital Partners est une société de gestion indépendante détenue par ses trois cofondateurs, Benoît Perrot, Xavier Herrmann et moi. Nous avons une approche « hands-on ». Nous participons activement à la gouvernance de l’entreprise, nous conseillons les dirigeants et mobilisons nos réseaux d’affaires au service de leurs projets.
Nous faisons partie des rares acteurs qui concentrent leur activité sur les PME industrielles implantées au cœur des territoire afin de les aider à développer leur outil industriel, le rendre plus performant en termes d’émissions de CO₂, mieux adapté et plus résilient face aux contraintes climatiques. L’ambition est de les intégrer aux chaînes de valeur décarbonées du futur, en intégrant fournisseurs et clients dans notre approche. Nous réalisons des audits carbone à l’entrée au capital qui nous permettent d’élaborer une stratégie de décarbonation que nous déclinons ensuite en un plan de décarbonation et un business plan. En parallèle, nous les aidons à repenser leur modèle et leur organisation : positionnement sur des produits plus vertueux, adaptation de leur portefeuille de produits, refonte de leur politique d’achat, optimisation de leurs processus industriels…
Notre rémunération variable est conditionnée par rapport à un indicateur clé de performance sur le climat qui vise une réduction de 25 % sur les scopes 1, 2 et 3 tout au long de la durée de vie des fonds. Dans cette démarche, nous embarquons toute l’entreprise. Nous collaborons avec le directeur des achats pour revoir les achats en fonction de leur empreinte carbone. Au sein de Yotta Capital Partners, nous sommes convaincus que cette démarche est génératrice de valeur pour toutes les parties prenantes.
Et à partir de là, quelle est votre stratégie d’investissement ?
Nous identifions les entreprises pour lesquelles les gains de décarbonation et une démarche RSE peuvent libérer une forte croissance. Il s’agit d’industries qui ont de très beaux savoir-faire ainsi que des produits de très grande qualité. Même si l’investissement initial reste assez élevé, les entreprises sont aujourd’hui de plus en plus conscientes des gains et des économies entraînés par la décarbonation : réduction des charges, de la consommation énergétique, de la matière…
Au-delà, cette stratégie est aussi un levier d’attractivité et de fidélisation des talents sur un marché du travail en tension sur de nombreux métiers, notamment techniques.
Notre objectif est véritablement d’inscrire ces entreprises non cotées dans un plan de décarbonation à 5 ans avec la certitude que cela leur permettra de valoriser leurs actifs et de créer de la valeur. Au sein de Yotta Capital Partners, nous sommes, en effet, convaincus qu’il est possible de créer une rentabilité financière et de la valeur sociale en décarbonant les entreprises.
Comment sélectionnez-vous ces entrepreneurs et PME que vous financez et accompagnez ?
Nous prenons en compte différents critères. Nous évaluons le sérieux et la pertinence du projet ainsi que les ambitions business et climatiques. Nous prenons aussi en compte l’implication et l’engagement des dirigeants, notamment sur le plan climatique et social. Nous investissons en moyenne une dizaine de millions d’euros dans ces entreprises.
Des exemples de participations et d’entreprises que vous accompagnez ?
Toutes nos prises de participation ont vocation à accélérer la croissance et la décarbonation des entreprises. Nous avons investi dans la société Eldim, basée à Caen, qui est spécialisée dans les tests de qualité des dispositifs optiques des smartphones. Depuis notre entrée au capital, l’entreprise a développé son activité et s’est engagée dans une stratégie de décarbonation dans le cadre de laquelle elle a remplacé son chauffage au gaz par de la géothermie.
Nous avons aussi investi dans Recif Technologies, une entreprise de robotique pour la micro-électronique. C’est un secteur dont nous avons beaucoup entendu parler au cours des derniers mois à cause de la pénurie de composants et de la dépendance de l’Europe vis-à-vis de l’Asie en matière de semi-conducteurs. Au-delà de la réorganisation du capital de cette PME occitane et de son ancrage au cœur de l’industrie mondiale des semi-conducteurs, nous avons considérablement réduit le contenu carbone de ses produits.
Yotta Capital Partners est aussi particulièrement sensible à la question de la réindustrialisation de notre pays. Dans cette démarche, quels sont les freins qui persistent selon vous ?
À mon sens, le principal frein est psychologique. Au-delà d’un manque d’ambition, il y a aussi l’idée que réindustrialiser notre pays coûte plus cher. En parallèle, en France, nous sommes confrontés à un problème de disponibilité du foncier. S’il y a beaucoup de friches industrielles dans le pays, leur aménagement est non seulement très coûteux, mais aussi à la charge des entrepreneurs qui envisagent de les réaménager afin d’y implanter leur activité industrielle. En parallèle, il y a un enjeu humain. Il est aujourd’hui complexe de recruter des ingénieurs et des techniciens sur de nombreux métiers en tension.
Malgré ces contraintes, pour des raisons géopolitiques, climatiques et sociales évidentes, il nous faut réindustrialiser la France pour développer notre souveraineté industrielle, économique et sociale. Au-delà, la France, et plus largement l’Europe, ont un rôle à jouer dans le développement d’une industrie plus durable qui intègre les notions de performance environnementale, d’éco-conception, de biodiversité, de consommation raisonnée des ressources, notamment de l’eau…
Cette réalité doit également contribuer à faire évoluer le monde de la finance et de l’investissement. Dans un contexte de pression réglementaire croissante, un portefeuille basé sur des produits tels qu’ils sont conçus et vendus en 2023 représente un réel risque d’exposition à des contraintes plus dures en matière d’empreinte carbone sur le court et le moyen terme. En France, nous avons la chance d’avoir un écosystème favorable à cette évolution. Au cours des dernières années, BpiFrance s’est largement engagée, via ses fonds propres et les diverses aides à l’innovation, en faveur de la montée en puissance de nos industries.
Au-delà, les acteurs de l’enseignement et de la recherche, comme le CEA ou encore le CNRS, peuvent également contribuer à cet effort afin de donner une nouvelle dynamique en matière d’innovation et de valoriser nos métiers et nos industries auprès des talents de demain.
L’engagement de tous est essentiel pour créer un écosystème vertueux autour des entrepreneurs et des PME industrielles afin qu’ils puissent s’inscrire dans une croissance durable et être compétitifs à l’échelle mondiale.
Sur ces enjeux d’actualité, quelles sont les pistes de réflexion que vous pourriez partager avec nos lecteurs ?
En France où nous avons un des plus importants taux d’épargne en Europe, il me semble nécessaire de lancer une réflexion autour du fléchage de l’épargne des Français vers le financement des entrepreneurs qui prennent des risques, innovent, transforment notre outil industriel et contribuent à la décarbonation !